Il y a des films qu’on va voir en étant dubitatifs, voire même en sachant que c’est une bataille perdue d’avance, surtout quand on est comme moi un peu psycho-rigide de l’adaptation littéraire.
Mais mercredi était une journée particulière, avec des filles particulières (♥ ), et la magie fut au rendez-vous, finalement.
Pourtant, ce film et moi, c’était mal parti. (oui après je vous parle du film, laissez moi raconter ma vie.)
Je ne supporte pas Keira Knightley. Mais vraiment pas. Je n’aime pas sa tête, je la trouve limite effrayante par moment, (surtout depuis que je l’ai vu dans A dangerous method, où elle était par contre excellente, je l’avoue) Bref, un film avec elle, ça commence mal. Ensuite, je n’approuvais pas le casting en général. Le choix de l’acteur qui joue Vronsky , de celui qui joue Levine (qui est mon personnage préféré…), enfin bref, j’étais déjà contre ce film avant d’avoir vu ne serait-ce qu’un morceau de la bande annonce.
Et puis mercredi, nous nous sommes installées, le rideau s’est levé (enfin, façon de parler et la magie a opéré.
L’histoire, vous la connaissez tous, ou presque. C’est celle d’un amour impossible entre une femme mariée, Anna, et un officier russe, Vronsky. Une histoire d’adultère, de passion, dans une Russie codifiée et hypocrite. C’est le parallèle entre deux histoires, celle de Levine et Kitty, un amour « simple » et heureux, et celle d’Anna et Vronsky, une liaison qui amène à la folie et à la déchéance. C’est simplifié, parce que le roman de Tolstoï est dense, écrit de manière sublime, et qu’il est difficile d’en parler correctement.
Le film se concentre essentiellement sur Anna et sur sa vie qui se transforme peu à peu avec l’amour. On la voit lentement se transformer, s’embraser, puis peu à peu basculer vers la folie.
Si je n’aime pas l’actrice, elle joue plutôt bien, (bon même bien voire très bien mais chut), et l’on est embarqué avec elle dans le tourbillon des soirées à l’opéra, des bals, entre Moscou et St Pétersbourg, dans un brouhaha de mondanités et de futilités, où les liaisons amoureuses se doivent d’être cachées pour exister. Le reste du casting est finalement de qualité, bien que je reste sur mon idée que Vronsky est un peu fadasse, même s’il est joué par un acteur que j’avais beaucoup aimé dans Kick-Ass, et que sa coupe de cheveux est improbable et dotée d’une vie propre (si, si). Par contre, Jude Law est un très bon Alexei Karenine, et sa transformation physique est assez incroyable. Que dire de Matthew MacFadyen, (Darcy dans la version du même réalisateur de Pride and Prejudice) qui joue un Stiva (le frère d’Anna) très malicieux, attachant et drôle. Domhnall Gleeson est également plutôt convaincant en Levine, (même si physiquement, j’aurais aimé quelqu’un d’un peu plus… Intéressant, dirons nous pour rester soft) (il joue Bill dans Harry Potter pour que vous voyiez de qui je parle)
Stiva. (L’acteur fait un meilleur Stiva qu’un Darcy, si je puis me permettre)
Passons à la mise en scène, parce que c’est là qu’il y a beaucoup à dire. Plus que dans un film, au départ, on se croirait au théâtre. Beaucoup de scènes se déroulent comme elles peuvent le faire sur les planches, avec une sobriété de décor contrastée par la magnificence des costumes. L’action se déroule parfois avec une fluidité déconcertante, une femme qui marche, et nous passons quelques heures, nous changeons de lieu, doucement, avec elle. Quelques escaliers gravis, et nous passons du monde des aristocrates au peuple, qui est souvent montré dans l’envers du décor, avec des poulies, des cordes, une luminosité basse, pour bien creuser encore le fossé entre deux couches de la société. Parfois, le jeu est aussi entre deux acteurs, l’un en bas, sur la scène, l’autre plus haut, qui l’observe, dans un cache-cache amoureux prélude à la séduction.
Mille et un petits artifices aident à faire de ce film un spectacle, ce qui va très bien à la tragédie que vit Anna.
Levine, lui, a le droit à quelques uns des décors plus réalistes de ce film, avec quelques scènes de neige et de paysages très beaux, avec de très jolis plans.
La bureaucratie russe est assez finement montrée également, dans une scène avec Stiva, où des employés tamponnent en rythme de la paperasse, de manière encore très théâtralisée, presque comme un ballet. Ce qui m’amène à parler de l’aspect danse qui apparaît en filigrane tout au long du film. Souvent les personnages, même dans des scènes plus banales ont un côté très gracieux, comme des mouvements de ballerine, ce qui s’ajoute à de très belles scènes de bal, avec des chorégraphies très travaillées et originales.
Et que dire des costumes? J’avais détesté ceux d’Orgueil et Préjugés, mais là, je suis comblée. (mis à part un dos nu dans une scène qui m’a un peu perturbée mais bon je chipote.) Ils sont sublimes, les tissus sont incroyables, les robes sont magiques. Je ne résiste pas à vous montrer quelques images…
Et je finirais sur une photo de la scène la plus adorable du film, qui m’a fait oublier un instant que je veux être une cynique et oublier mon coeur chamallow :
Kitty et Levine, qui communiquent avec des cubes… ♥
Désolée pour ce long article, je n’ai pas dit la moitié des choses que j’aurais pu dire, mais je pense que l’essentiel y est. Si ce film est encore diffusé pas loin de chez vous, courez y !
Et si vous l’avez vu, donnez moi votre avis 🙂